Divorcer ? Une procédure devenue banale à l’heure où un couple marié sur trois se sépare. Mais qui reste une épreuve traumatisante pour les ex-conjoints et leurs éventuels enfants. Conseils d’experts pour la surmonter au mieux.
Actuellement, on peut divorcer en quelques mois à peine. Mais toute séparation, même rapide ou d’un commun accord, est douloureuse. Pourtant, le divorce par consentement mutuel, plébiscité depuis la réforme de 2004, qui l’a allégé et simplifié, ne permet-il pas aux couples d’hier de se séparer sans trop de dégâts ? Au contraire, selon Marie-Caroline Despax, médiatrice au Cerme (Centre de Recherche et de Médiation), à Toulouse. « Il est heureux que le divorce pour faute, si stigmatisant, soit désormais minoritaire. Mais le divorce par consentement mutuel peut être à l’origine de crises peut-être plus larvées mais pas moins explosives dans le temps ». En cause : le silence fait sur les raisons de la séparation du couple. « Celui-ci doit arriver devant le juge avec des accords sur tous les effets de la désunion : le mode d’accueil des enfants, la contribution à leur éducation, le partage des biens…-, alors qu’il reste un abcès terrible à crever. Avec ce type de procédure, les étapes de la séparation sont ‘zappées’. Les deux partenaires n’ont pas les moyens de s’exprimer sur ce qu’ils ont traversé, sur leurs frustrations, leurs humiliations. Très souvent, l’un d’entre eux ressent de la culpabilité et va renoncer à certains droits, pour que tout se finisse vite, pensant que ce sera plus facile ». Résultat : le retour, quelques mois plus tard au tribunal de beaucoup de ces anciens couples, désormais en guerre. « Car rien n’a été travaillé, rien n’a été dit. »
Patrick Estrade est notamment l’auteur de Revivre après une séparation (Alpen éditions) et de La maison sur le divan (Robert Laffont, 2009).
Et que de peurs, de ressentiments, d’attentes, sur lesquels s’exprimer ! Car un divorce, ce n’est pas seulement la fin d’un couple. La perte d’un conjoint. C’est aussi celle d’une famille, d’une belle-famille, des amis du couple souvent, qui se sentent obligés de prendre parti pour l’un ou pour l’autre… D’un monde, construit à deux ; d’un niveau de vie, considérablement diminué dans la majorité des cas. D’un idéal familial, aussi. Pour Patrick Estrade, psychothérapeute, « ce qui fait le traumatisme, ce n’est pas le choc mais l’onde de choc. Tout ce que l’on a mis en place comme habitudes, comme rituels, comme manières de faire, se trouve bouleversé ». A commencer par sa relation avec ses enfants. « Il faut renoncer à vivre avec eux au quotidien, c’est parfois très difficile à accepter, explique Marie-Caroline Despax. On n’a plus un accès libre, ouvert à ses propres enfants. »