Quand le couple va mal, on s’enfonce dans un maquis de contradictions insolubles. Chacun, à l’affût des comportements négatifs de l’autre, devient aveugle à ce qui reste positif.
« Le seul moyen de mettre un terme à cette situation est d’introduire un élément étranger dans le système, explique Guglielmo Gulotta (auteur de Comédies et Drames du mariage, ESF), thérapeute de couple. Son rôle est de déstabiliser les forces en jeu, d’installer un nouvel équilibre fondé sur de nouvelles règles. Chaque conjoint a alors devant lui un interlocuteur imperméable à ses manœuvres : celui qui s’enferme dans le silence devra s’exprimer. Tel autre, plutôt dans l’agressivité, sera ramené à sa colère. Ce tiers auquel les couples peuvent s’adresser est le thérapeute.
Confronter les rancœurs, les demandes…, voilà ce que la thérapie permet aux conjoints. Face à eux, en position d’arbitre, le thérapeute. Certains professionnels commencent par faire écrire à chaque participant sa définition du couple, ce qu’il en attend. On confronte les deux. D’autres utilisent les jeux de rôle. « Quand nous avons entamé notre thérapie de couple, je craignais de me dévoiler devant mon mari, explique Marie-Catherine, 38 ans. Comme nous vivions une crise, j’avais peur de lui donner des armes contre moi. Or, nous avons commencé par des jeux de rôle. Le psy nous proposait de rejouer devant lui une dispute que nous avions eue. Puis, nous revivions cette scène, en échangeant nos places. »
Au fur et à mesure des séances, Marie-Catherine a compris que, ayant eu un père autoritaire, elle avait aimé Eric parce qu’il en était l’exact opposé. « De ce fait, j’avais pu investir tout l’espace de la maison, je gérais tout, je prenais les décisions. Et ce rôle qui me satisfaisait finissait même par m’étouffer. Eric se trouvait pris dans mes contradictions : je lui reprochais d’être à la traîne, alors que je l’avais aimé parce que, justement, il ne m’imposait rien. »